Un dictionnaire des « langues imaginaires » est un étrange corpus: sans limites chronologiques ni géographiques, il s’intéresse aux langues qui, à la différence des langues dites « naturelles », ne nous sont pas apprises par nos parents: il s’agit donc de langues qui résultent de l’élaboration humaine, d’une invention, d’une création.
Si l’« inventeur » en question n’est pourtant pas forcément – et même très rarement – un linguiste, son invention peut se manifester sous diverses formes, souvent ahurissantes, mélanges de logique et de pures dérives imaginaires. Ainsi l’inventeur procède par:
·la simplification – grammaticale ou morphologique – d’une langue donnée.
·la création d’un nouveau lexique ou d’une nouvelle syntaxe, qui conserve intacte la morphologie d’une langue.
·la création d’une morphologie nouvelle et d’un nouveau lexique.
·l’effort pour transcender toutes les données des langues naturelles afin de parvenir à une nouvelle langue, artificielle, supposée plus exacte que les autres ou plus expressive.
Le phénomène des « langues imaginaires » inclut aussi bien langues sacrées (glossolalie, langages mystiques ou extatiques, langage des chamanes etc.) et « profanes », les langues à finalité purement sociale, l’Esperanto et le VolapŸk, les « pasigraphies » et « pasilalies », ou celles à finalité purement expressive: les langues enfantines, les langues des fous littéraires, les langues des médiums, les langues artistico-littéraires (poésie, théâtre, cinéma, BD), les langues fantastiques, celles de la S.-F., les langues expérimentales (le Zaum, Dada, le lettrisme)
Comprenant environ 1500 articles et répertoriant plus de cinq cents auteurs (ou théoriciens), ce dictionnaire présente chaque langue dans un article simple et concis, en donne un exemple précis et, enfin, renvoie à une bibliographie exhaustive.
Les auteurs cités vont d’Aristophane (- 405 av. J.-C.) à Harry Harrison (1988), en passant par Thomas More, Folengo, Jakob Böhme, Kircher, Swift, Holberg, Couturat, Tzara, Kandinski, Joyce, Borgès, Artaud, Isou, Dario Fo…
Les grands théoriciens des divers projets de langue parfaite des XVIIe et XVIIIe siècles (Leibniz, Lambert, Schott…), les inventeurs des langues artificielles des XIXè et XXe siècles (Zamenhof, Schleyer…), les inventeurs de systèmes universels (Dalgarno, Delormel, Grosselin, Becher…) et les fous littéraires (Brisset, Postel…) ne sont évidemment pas oubliés par nos auteurs.