Rêveur de destins, intime des époques défuntes, Marcel Schneider n’a jamais cessé d’appeler de ses voeux un envers du monde : un hors du monde. Celui qui fréquenta ses contemporains illustres ne fut jamais plus à l’aise qu’avec ses songes. Il se range du côté des chimériques. Fâché avec son siècle, Marcel Schneider se sert en toute impunité de l’imaginaire « comme levier et moyen d’action » pour atteindre cet ailleurs. « L’héritier du domaine merveilleux, son vrai propriétaire, l’enfant de la maison si l’on veut, c’est Marcel Schneider », dit Georges-Olivier Chateauraynaud dans sa Préface à Divinités du Styx, choix de contes fantastiques, dont certains sont inédits. En Alsace, dans la Venise de Casanova, à la lumière du Nord ou à l’ombre des châteaux de granit, partout où un coquillage peut contenir « un liquide amer et salé comme les pleurs », partout où l’âme a encore une vie loin du corps, partout où la nostalgie serre le coeur, Marcel Schneider fait retentir le son du merveilleux. Comme le signal, inquiétant, d’un ailleurs soudain si proche.