Fables de vampires, histoires de doubles et de sortilèges, ce recueil évoque par bien des traits une taverne allemande d’Hoffmann, avec ses monstres inquiétants et ses fantômes grinçants. On y retrouve, en effet, les thèmes chers à la première génération romantique, et notamment sa fascination pour le fantastique venu d’Ecosse ou de Rhénanie. A ceci près, cependant, que Théophile Gautier imprime sa marque propre à cet univers trouble de la rêverie humaine : chaque récit reçoit un supplément d’angoisse et de surnaturel qui renforce sa dimension fantastique et l’agrémente d’un surcroît de mystère. L’un des proches de Théophile Gautier avait affirmé que » c’était peu de dire qu’il était superstitieux, il était la superstition même… » Ces Contes et récits fantastiques en sont la parfaite illustration. Derrière le bon vivant se cache en fait un homme taraudé par les sombres figures de l’irrationnel. A sa manière, peut-être, un devancier du Breton de Nadja, lequel dénonce la vanité de » la conventionnelle opposition de la folie et de la raison qui se refuse à faire la part de l’irrationnel « .