Rédigés aux alentours de l’an 1200 par un érudit danois du nom de Saxo, auquel la postérité devait décerner le qualificatif de » grammaticus » en raison de son goût pour les auteurs latins, les » Gesta Danorum » constituent la première chronique du Danemark, depuis les origines mythiques jusqu’à la fin du XIIè siècle.Dans la partie proprement historique de l’ouvrage (Livres X-XVI), l’auteur a élevé un remarquable monument à la gloire du roi Valdemar le Grand (1157-1182) et surtout de l’archevêque Absalon, qui gouverna le royaume pendant plusieurs décennies.Ce sont toutefois les neuf premiers livres des » Gesta Danorum » qui, depuis longtemps suscitent le plus vif engouement. Car, derrière la plupart des héros et des rois du Danemark fabuleux que Saxo fait revivre ici à l’aide de traits souvent empruntés à la littérature classique, derrière les strophes aux accents virgiliens ou horaciens qu’il fait déclamer à nombre de ses personnages, se dissimule en réalité le vaste trésor tout à la fois poétique, légendaire et mythologique de l’antiquité scandinave.Voici le roi Hadingus dont la carrière est certainement démarquée de celle d’un dieu nordique, comme l’a démontré Georges Dumézil. Voici, éclairé par le même savant, le héros Starcatherus et les trois fautes commises par ce personnage d’origine monstrueuse. Voici encore le prince Amlethus, sa simulation de la folie, sa mélancolie et sa vengeance, légende sans doute très ancienne et promue à la plus brillante fortune : c’est elle en effet qui fournira à William Shakespeare le sujet de sa tragédie sur un prince du Danemark.A l’exception de quelques chapitres, cette œuvre puissante, dont le style et la composition firent l’admiration d’Erasme, n’avait pas encore été traduite en français.