« Je parvins un jour à une route qui vagabondait en accordant si peu d’attention à son but qu’elle convenait parfaitement à mon humeur. » Ainsi commence « Le Seigneur des villes », l’avant-dernier conte de L’Épée de Welleran — précieux recueil qui mêle avec déchirement les mondes imaginaires pétris de Bible et d’Iliade chers au rêveur Dunsany, et les noires contingences du réel. Les amoureux des deux « Livres des merveilles » entreront dans L’Épée de Welleran comme en une maison familière aux trésors toujours renouvelés. Les nouvelles du maître irlandais n’ont jamais la pesanteur d’une épopée : qu’elles parlent de cités trop riches pour leur bonheur, de fantômes, de vents contraires, d’elfes ou de guerriers morts qui défendent en rêve leurs remparts, elles sont autant de visions fugitives sur la route errante de l’écrivain. Chaque nom, chaque créature, chaque histoire ajoute une épaisseur supplémentaire au monde de Dunsany, terre aussi ironique qu’onirique… Miracle du livre — ou des livres : ces visions fragiles, le lecteur peut les retrouver à tout moment et, comme l’héroïne du « Peuple des elfes », vivre à demi dans les rêves. Avec L’Épée de Welleran, Terres fantastiques poursuit une aventure éditoriale singulière, riche déjà du Livre des merveilles, du Dernier livre des merveilles, des Dieux de Pegana et du Temps et les dieux.